Sécheresse oculaire et chirurgie laser des yeux

« Mes yeux sont si secs aujourd’hui ».

C’est une phrase que nous entendons plus souvent, voire que nous prononçons nous-mêmes. Celui qui prononce ces mots attribue généralement la sécheresse oculaire à des facteurs externes. Par exemple, l’air chauffé dans une pièce est souvent accusé, à juste titre, d’être responsable de la sécheresse oculaire. Mais ce que beaucoup ignorent, c’est que la « sécheresse oculaire » existe aussi en tant que maladie, et qu’elle n’a rien à voir avec des influences extérieures. Certes, la maladie n’est pas grave. Pourtant, elle dérange, et parfois même beaucoup. En effet, les patients ne comprennent pas toujours qu’un problème qui semble facile à résoudre peut être difficile à traiter par un ophtalmologue. Pour mieux comprendre cette affection, examinons tout d’abord la nature de la surface de l’œil humain, car ce n’est qu’alors que l’on peut comprendre pourquoi une « sécheresse oculaire » peut se produire.

La surface de l’œil

Celle-ci est composée de la conjonctive et de la cornée, recouvertes d’une fine couche de liquide, le film lacrymal. Les paupières font office de nettoyeur, elles essuient les corps étrangers de l’œil. Le film lacrymal protège l’œil du dessèchement – et il est beaucoup plus complexe qu’on ne pourrait le croire. Trois éléments composent le film lacrymal. La première est une couche d’eau contenant du sel dissous ; la deuxième est la couche de mucine, produite par les glandes muqueuses de la conjonctive et qui a donc une consistance de mucus ; et la troisième est une couche de graisse qui se forme dans le bord de la paupière, plus précisément dans les glandes de Meibom.

Toutes les couches ont leur propre fonction. La couche d’eau sert à hydrater l’œil. La couche de mucine, en revanche, permet à la couche aqueuse d’adhérer à l’œil. Et la couche de graisse, de par sa nature, permet au liquide lacrymal de ne s’évaporer que lentement et de se reconstituer en permanence. Chaque fois que l’homme cligne des yeux, il étale le film de liquide fraîchement formé sur la surface de l’œil, ce qui se produit en moyenne 12 à 15 fois par minute. L’excès de liquide dans l’œil s’écoule dans le nez par deux orifices microscopiques situés sur la paupière inférieure et la paupière supérieure, appelés points lacrymaux.

Le film lacrymal et sa fonction

Le film lacrymal a trois fonctions. Tout d’abord, la défense. Des corps étrangers pénètrent constamment dans nos yeux, comme la poussière, le pollen, de minuscules spores, des virus et des bactéries. La température ambiante et les éventuels courants d’air mettent également l’œil à rude épreuve. Le film lacrymal intercepte tous ces facteurs et le clignement des paupières les élimine en quelque sorte. Le liquide permet également à la surface extérieure de l’œil d’être aussi lisse qu’elle l’est – ce qui assure à son tour une réfraction idéale de la lumière. Et cela signifie que la qualité visuellement représentée est la meilleure.

La troisième fonction du film lacrymal est d’hydrater et de nourrir la cornée. Sans ce film, le clignement des paupières, par exemple, frotterait directement sur la conjonctive et la cornée et les endommagerait avec le temps. Ainsi, le film lacrymal joue également le rôle de gel lubrifiant. Il contient également des nutriments qui alimentent la surface de l’œil.

La « sécheresse oculaire » et comment l’obtenir

« Konjunktivitis sicca », c’est le terme technique pour désigner la « sécheresse oculaire », qui survient lorsque l’humidification de la surface de l’œil est perturbée. Selon la définition scientifique, de nombreux facteurs, tant physiques que psychologiques, entrent en ligne de compte pour ce trouble. De plus, des troubles de la vision peuvent également conduire à cette maladie. Les inflammations et un liquide lacrymal trop concentré jouent généralement le rôle principal. Mais quelles en sont les causes ? Deux raisons sont considérées comme essentielles :

Production insuffisante de larmes

Il peut y avoir plusieurs raisons à cela. En effet, avec l’âge, le tissu des glandes lacrymales s’atrophie et des maladies dites rhumatismales peuvent apparaître. Des facteurs externes entrent également en ligne de compte, par exemple des médicaments tels que les bêtabloquants ou l’atropine qui inhibent la formation de larmes. Il n’est pas rare que les maladies oculaires graves entraînent des cicatrices sur la glande lacrymale. Les femmes ménopausées sont souvent touchées, probablement parce qu’il n’y a pas assez d’hormones androgènes masculines, qui ont un effet direct sur le film lacrymal.

Perte trop importante de larmes

Cela provient parfois du fait que l’adhérence du film lacrymal à l’œil est trop faible ou que l’évaporation est trop importante. Cela est souvent dû à une production insuffisante de mucilage, qui peut elle-même être due à une carence en vitamine A, à une inflammation, à une cicatrisation, à des brûlures ou à une brûlure chimique.

Perturbation des glandes de Meibom’s

Cette perturbation peut avoir pour conséquence que le film gras n’est pas suffisamment épais. La dermatite atopique, certains acariens et bactéries provoquent parfois des inflammations au bord des paupières. De plus, le film gras peut être causé par une mauvaise position des paupières.

Troubles sensoriels

Des troubles de la sensibilité de l’œil, une paralysie du visage ou un trouble de la fermeture des paupières (dû à une saillie extrême du globe oculaire, comme dans la maladie de Basedow) provoquent parfois la « sécheresse oculaire ». Cela peut également être dû à certains médicaments responsables d’une instabilité du film lacrymal.

Influences extérieures

• Locaux avec un faible taux d’humidité permanent
• Chambres trop chauffées
• Courant d’air perpétuel
• Fumée
• Lentilles de contact
• Le ventilateur de la voiture
• Cligner des yeux trop rarement, ce qui arrive de temps en temps lorsque l’on travaille sur un ordinateur ou que l’on lit souvent.

Qu’est-ce qui provoque la « sécheresse oculaire » ?

Moins il y a de liquide lacrymal, plus la concentration des substances qui y sont présentes, comme les mucilages et les sels, est élevée. Si c’est le cas, les patients ressentent généralement une sensation de collant dans l’œil ou comme si un corps étranger s’y trouvait. Souvent, il y a aussi des picotements ou des brûlures intenses. L’œil devient rouge ou enflé, souvent chaud et parfois douloureux. Tout cela entraîne une vision floue. Cligner des yeux et utiliser des gouttes ophtalmiques peuvent aider.

Ce qui semble paradoxal est souvent un symptôme : le larmoiement accru de l’œil atteint. C’est le cas lorsque le film lacrymal n’adhère plus idéalement à la surface de l’œil, il y a alors souvent un problème au niveau de la couche de graisse ou de mucus. Le liquide lacrymal s’écoule alors en quelque sorte. Ou alors, la sécheresse est si avancée que l’irritation de l’œil devient très violente et que, par conséquent, la production de larmes augmente. Dans le pire des cas, tout cela peut conduire à une inflammation chronique de la cornée, qui à son tour provoque l’opacification de sa couche supérieure.

Diagnostic et traitement de la « sécheresse oculaire

Si un trouble de l’hydratation est présent, l’ophtalmologue peut le déterminer avec précision. Il convient toutefois de faire la distinction avec d’autres pathologies oculaires qui présentent des symptômes similaires. Dans ce cas, le médecin colore la surface de l’œil avec des substances spéciales, ce qui lui permet de déterminer la sensibilité de la cornée. Si la suspicion de « sécheresse oculaire » est confirmée, il procède à des examens complémentaires. Une bande de papier filtre accrochée dans la paupière inférieure permet de mesurer la quantité de larmes (c’est ce qu’on appelle le test de Schirmer). Si cela s’avère nécessaire, il existe d’autres méthodes qui permettent de confirmer le diagnostic et d’exclure la présence d’une autre forme de maladie, qui devrait être traitée différemment.

Il existe presque toujours plusieurs causes à la « sécheresse oculaire », c’est pourquoi il n’y a pas de méthode qui fonctionne à tous les coups. Les patients doivent en être conscients, l’ophtalmologue doit en parler ouvertement dès le départ. Parfois, le médecin doit faire plusieurs tentatives avant de pouvoir résoudre le problème. De même, les patients doivent savoir qu’il s’agit toujours d’un effet du traitement qui dure un certain temps. En effet, la « sécheresse oculaire » est chronique et les symptômes finissent par réapparaître. Les caisses d’assurance maladie ne couvrent plus non plus les coûts de la thérapie. En discuter avec le médecin peut être compréhensible du point de vue du patient, mais cela ne sert à rien.

« Larmes artificielles »

Ils constituent toujours la base du traitement de la « sécheresse oculaire ». Les larmes artificielles assurent la protection de la surface de l’œil en formant un film lubrifiant, elles renforcent également le film lacrymal qui est encore présent. Il existe de nombreuses variantes de larmes artificielles, mais toutes ont en commun les composants qu’elles contiennent. Il s’agit d’eau, de sels, parfois d’agents épaississants (les larmes adhèrent alors mieux à la surface) et parfois de conservateurs. Si elles n’en contiennent pas, les larmes artificielles doivent généralement être utilisées dans la journée.

Ces préparations sont d’autant plus efficaces qu’elles sont épaisses. L’adhérence des larmes artificielles à la surface de l’œil s’en trouve améliorée et l’œil est mieux hydraté. Cependant, une substance plus épaisse affecte temporairement la vision, car elle se pose comme un voile sur l’œil. L’ophtalmologue ne peut pas prédire l’épaisseur du produit pour tel ou tel patient, car chaque patient réagit différemment. Il faut donc essayer de trouver la préparation la plus appropriée en répétant les essais. Dans la mesure du possible, il convient d’utiliser des substances sans conservateurs, faute de quoi des réactions allergiques peuvent se produire. Les personnes qui portent des lentilles de contact souples devraient toujours recevoir des larmes artificielles sans conservateurs. (Si vous souffrez de « sécheresse oculaire » et portez des lentilles souples, vous devez de toute façon en discuter en détail avec votre médecin, car diverses complications peuvent survenir, qu’il serait trop long de mentionner ici).

Quelle doit être la quantité de larmes artificielles ? Le principe « beaucoup aide beaucoup » s’applique ici, et cela n’aide que si elles sont administrées régulièrement. La bonne nouvelle est que le trouble de l’hydratation peut presque toujours être combattu avec succès à l’aide de larmes artificielles.

Soin du bord des paupières

Si une inflammation des bords de la paupière est à l’origine du trouble de l’hydratation, il est important de traiter ces bords de la paupière. Il s’agit d’améliorer l’écoulement du film lipidique produit par les glandes de Meibom. Cela se fait en détachant les peaux mortes et les croûtes sur les bords des paupières. Souvent, ce décollement n’est possible que lorsqu’une pommade ophtalmique est appliquée en massage sur les zones concernées. Tant que l’inflammation persiste sur le bord des paupières, il est également conseillé de ne pas utiliser de produits cosmétiques tels que le fard à paupières, etc. à ces endroits.

Gouttes pour les yeux

Il existe ici deux variantes : les gouttes de sérum autologue et les gouttes anti-inflammatoires de l’industrie. Le sérum sanguin humain contient un grand nombre de substances qui soulagent les inflammations, ce qui a également un effet positif sur les maladies de la surface de l’œil. Pour profiter de ces effets, des gouttes pour l’œil sont obtenues à partir du propre sang des patients. Si des gouttes pour les yeux provenant de l’industrie pharmaceutique sont utilisées, elles doivent également inhiber l’inflammation. Si l’effet doit être de courte durée, il contient presque toujours de la cortisone. Pour une aide à plus long terme, seules les gouttes sans cortisone conviennent.

Lentilles de contact

Les lentilles sont un problème lorsque les patients souffrent de « sécheresse oculaire », car elles aggravent souvent les symptômes. Cependant, il existe certaines manifestations de cette maladie pour lesquelles les lentilles souples et fines sont paradoxalement utiles. Ils stabilisent la surface de l’œil et soulagent les symptômes. Presque toujours temporaire, mais tout de même.

Obturer les points lacrymaux

Si les larmes s’écoulent trop rapidement de l’œil, c’est parfois parce que les points lacrymaux font couler trop de liquide. Pendant un certain temps, il est alors utile d’obturer ces points lacrymaux. Pour cela, on utilise une sorte de bouchon qui fonctionne comme le bouchon d’une baignoire. Dans de rares cas, l’ophtalmologiste peut forcer la fermeture de façon permanente. Cela se fait par le biais d’une cicatrisation des points.

La nutrition

Aussi diversifié que soit le corps dans la production de certaines substances, il échoue dans la production d’autres. Les vitamines, par exemple, ne sont pas produites par l’organisme – elles doivent être apportées par l’alimentation, tout comme les acides gras oméga-3 et oméga-6. Les acides gras ont un effet positif sur les glandes du bord de la paupière, sur la sécrétion de larmes et sur les messagers qui signalent une inflammation. Les oméga-3 sont rarement présents dans nos aliments, c’est pourquoi ils sont administrés par le biais de préparations ou d’aliments spécifiques. Ainsi, les acides gras oméga-3 se trouvent notamment dans les poissons gras ou dans l’huile de lin. Des médicaments sont également disponibles sur le marché pour stimuler la sécrétion, mais ils ont parfois de graves effets secondaires. C’est pourquoi ils ne sont toujours recommandés que dans les cas graves.

Autres mesures

La chirurgie est rarement pratiquée en cas de « sécheresse oculaire », et uniquement dans les cas les plus graves.

Par exemple, la paupière peut être cousue sur le côté. Les ophtalmologues doivent discuter très longuement des conséquences avec les patients.

Si le liquide lacrymal s’évapore plus rapidement qu’il ne le devrait, on prescrit parfois des lunettes spéciales dotées de protections latérales adaptées à l’anatomie. Cela doit permettre de se protéger du vent.

D’ailleurs, les connaissances sur la « sécheresse oculaire » s’améliorent, ce qui signifie que l’on peut s’attendre à l’avenir à des médicaments qui fonctionnent très bien et qui n’ont pas d’effets secondaires.

Ce que les patients peuvent également faire

Outre l’aération répétée de la pièce, il est possible d’utiliser un humidificateur, en particulier en hiver, lorsque l’on chauffe beaucoup. Des linges humides sur le chauffage sont également toujours utiles, de même qu’une végétation dans les pièces, ce qui crée un bon microclimat. En voiture, la soufflerie doit être utilisée de manière très mesurée et ne doit pas viser la région des yeux. Il convient d’éviter les pièces où l’on fume et d’arrêter sa propre consommation de cigarettes (et aussi d’alcool). Il est maintenant important de bien dormir et d’avoir une alimentation équilibrée, riche en vitamines, ainsi qu’un bon approvisionnement en eau – deux litres par jour sont le minimum.

Si vous souhaitez nager, vous pouvez le faire, mais les lunettes de natation sont vivement recommandées. Les personnes qui travaillent sur un écran doivent faire de nombreuses pauses, cligner des yeux consciemment permet de lutter contre l’inconfort. Les porteurs de lentilles de contact sont encouragés à les retirer de temps en temps et à se mouiller fréquemment les yeux avec les liquides correspondants. Les produits cosmétiques ne doivent être utilisés qu’avec beaucoup de précaution et, s’ils le sont, il doit s’agir de produits au contenu peu irritant.

En revanche, les préparations destinées à nettoyer les paupières sont importantes.

Enfin, et ce n’est pas le moins important, il est vivement conseillé de se faire examiner régulièrement par un ophtalmologue.